Renaître de la traversée du désert

Qui n’a jamais traversé le désert ? Ce voyage souvent inattendu qui s’invite au détour de notre vie qu’elle soit personnelle, professionnelle, spirituelle ou autre. Ce périple prend souvent des allures de fracture telle une faille capable de nous aspirer vers de sombres abysses. Incompréhension, colère, frustration, victimisation font les hauts et les bas de nos émotions prisonnières du filet qui nous colle à la peau : la peur. Et si ces traversées du désert n’étaient que transitions vers des renaissances. Comment accueillir ces grains de sable qui nous dévient de notre trajectoire telle une invitation à un raid hors piste, loin de notre zone de confort et ce, pour mieux renaître ?

Accepter le vide créatif !

Ayant eu ma traversée du désert moi aussi, je me suis attachée, non sans difficultés, à transcender cette réalité pour la vivre comme une opportunité d’écrire une nouvelle page de ma vie à 48 ans. Mais soyons honnêtes, au début de cette aventure vers l’inconnu, s’installe la peur. La plus criante de toutes est la peur du vide ou ce besoin de plein, voir trop plein qui te somme de le remplir immédiatement. Une injonction sociale couplée à de justes considérations personnelles, financières ou matérielles qui nous culpabilisent d’envisager de prendre sereinement ce temps de clore un chapitre et d’en ouvrir un autre.

Et pourtant ! N’est-ce pas le marché du travail qui se dessine ainsi autrement ? Des individus en quête de sens et d’accomplissement dans leur travail qui changeront de trajectoires au gré de leurs envies ou des circonstances. Avoir alors le choix de composer entre un avenir professionnel en demi-teinte, en attendant ce temps promis de la retraite dystopique et, des trajectoires plus aléatoires à explorer pour y trouver son chemin, celui de la réalisation de soi. Mais il est illusoire de penser que l’inspiration créatrice de sa propre trajectoire de vie peut émerger dans le brouhaha de nos vies trépidantes. L’envie naît du vide et du silence.

Et si nous osions prendre ces pauses nécessaires pour dessiner notre futur. Le temps d’apprendre sur soi, apprendre des autres, apprendre tout simplement ce dont on a envie et libérer notre énergie créatrice. J’ai osé cette pause créative.

Oser ses rêves !

Une pause c’est un autre tempo, plus « slow » celui-ci, qui libère de l’espace temps sur notre disque dur à la mémoire saturée pour de la place à d’autres fichiers dénommés « rêves » ou « un jour, je ferai… ». Du temps pour renouer avec cette évasion libératrice et créatrice pour mieux dessiner le nouveau cap de sa vie. J’ai osé vivre un rêve.

Un de mes rêves, faire le Rallye Aïcha des Gazelles, un raid unique au monde hors norme, 100% féminin, de 9 jours dans le désert marocain. Celui que j’ai envisagé de faire 10 ans plus tôt, trop tôt. Et soudain tout devient possible. Le hasard ou tout simplement une synchronicité parfaite inexplicable car c’est maintenant que j’y trouverai du sens. Accueillir cette traversée du désert au point de la vivre réellement physiquement pour aller chercher en moi l’énergie du rebond. Et ce rêve devient salvateur ! Mon meilleur ami qui me permet de rester à flots entourée de belles énergies positives, et celui qui m’amène sur de nouveaux terrains.

Apprivoiser l’inconnu !

Des terrains qui ressemblent à l’immensité de l’infini où soudainement nos repères sont inexistants. L’inconnu. Les décors sont tout autant fascinants que déroutants. De la sensualité des courbes des dunes façonnées par le vent aux terrains parfois lunaires ou plus rocailleux et hostiles qui te paraissent infranchissables. Et même si un vent de liberté absolue souffle en ces lieux, la nature te rappelle que c’est elle qui y règne.

Le mot « cap » prend tout son sens soudainement ! Là-bas sans cap, tu erres et tu te perds, comme dans la vie certainement ! Cartes et boussole sont nos seuls supports pour nous orienter à la recherche des balises qui guident notre parcours vers le bivouac. De tous les contournements possibles, les reports de cap dit-on, qui trahissent nos peurs, nos limites émotionnelles, techniques, physiques face aux terrains rencontrés, à la ligne droite entre le point A et B quelques soient les obstacles rencontrés.

De l’étape 1, où si proches du check point 2, nous ne le trouverons jamais à l’étape 5 où nous traçons au cap, même plus peur ! Nous avons déverrouillé tous les freins et c’est une dynamique nouvelle qui se met en place : plaisir, challenge, audace …. et envie de revenir !!

L’essentiel c’est d’avoir toujours ce marqueur vital en ligne de mire, le cap et avancer, se frayer son chemin dans ce méli-mélo de noeuds et les défaire au passage. Comme le disait Stephen Hawking, «La seule barrière réside dans ton esprit. Car rien n’est impossible. Tes blocages ne sont au final qu’une illusion. Ce que tu as noué dans ton esprit, tu es tout à fait capable de le défaire. »

Se faire confiance et savoir écouter sa boussole intérieure qui n’est plus, en ces lieux, parasitée par les injonctions de la société. Là-bas, seule la nature impose ses codes et l’organisation du rallye son règlement 😉 ! Une véritable invitation à lâcher prise.

Et soudain l’impossible n’existe plus.

Faire son voyage intérieur !

Ces 330 femmes engagées dans cette aventure n’ont plus d’identité sociale le temps du rallye. Plurielles, elles sont infirmière, princesse, cadre, sans activité, mais cela n’a aucune importance. Nous rangeons nos costumes de scène au placard le temps du rallye. Toutes embarquées dans la même aventure aux mêmes conditions. La vie y est sans artifice et faux-semblant. L’esthétique est sommaire, le confort spartiate, le rythme effréné. L’énergie déployée est hors norme. Les situations de stress ne manquent pas. Nos émotions valdinguent dans tous les sens. Une sorte d’incubateur personnel avec des stress-tests extrêmes pour mesurer nos capacités à sortir de notre zone de confort.

Notre mental est mis en mode pause de force. Nous plongeons très vite dans une autre dimension coupant net le fil avec nos vies, notre quotidien, les injonctions de la société. Une étrange sensation que notre conscient est brutalement débranché pour être connecté à de nouvelles ondes prises d’assaut par des caps, des reports de caps, des balises et ce, pendant 9 jours. Un vrai décapage du mental aux grains de sable. Et tout comme les tempêtes de sable dessinent les dunes différemment chaque jour, cette déconnexion mentale induit un nouveau regard sur nos vies. Au retour de ce voyage vers l’essentiel de son moi-profond, tu as laissé derrière toi certaines attaches du passé te rendant plus libre pour dessiner le nouveau cap de ta vie.

Avancer vers ailleurs !

Ce fut une parenthèse autorisée dans ma vie, celle d’un rêve devenu réalité. Une reconnexion à l’essentiel. Un voyage intérieur éclairant et apaisant. Du hors-piste addictif exaltant et énergisant.

J’en reviens avec la conviction qu’il faut apprivoiser autrement ces grains de sable de la vie, pour qu’ils deviennent nos compagnons de route vers de nouveaux horizons ! Une révolution à faire peut-être pour mieux aborder les transformations profondes de notre société et du travail en particulier pour libérer cette énergie bouillonnante du capital humain.

Florence Karras

Crédit photo : Florence Karras

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