Recréer un nouveau lien à la forêt

Canopsia était l’un des partenaires de la première édition du Festival des Forêts en Ile de France. Un Festival organisé par FiBois Ile de France les 2 et 3 octobre derniers et qui mettait à l’honneur les nombreuses forêts privées et publiques d’Ile de France et la diversité des métiers et activités qui gravitent autour de ce précieux bien commun. 

Le festival a débuté vendredi 2 octobre à la Sorbonne Université par un débat théâtralisé dans le format « Tribunal des Générations Futures » animé par Usbek & Rica. Et au coeur du débat, la coupe des arbres détruit-elle les forêts ? Alors que le bois devient une alternative au béton (construction), au pétrole (énergie) et au plastique, comment répondre à ces besoins grandissants tout en préservant les forêts menacées et la biodiversité qui y réside. L’occasion de remettre en perspective avec 4 témoins, quelques criantes vérités et certaines de nos dissonances cognitives.

François-Xavier Drouet réalisateur du documentaire « Le temps des forêts » a partagé quelques regards de forestiers rencontrés qui ont vécu et parfois subi l’évolution du modèle d’exploitation des forêts vers la mal-forestation depuis l’après-guerre. Une exploitation plus intensive, des cycles plus courts, de la monoculture, une fuite en avant technologique avec des machines plus impactantes pour les sols. Mais aussi des forestiers qui ont des pratiques de plantation et de prélèvement plus douces et respectueuses de l’environnement que les coupes à blanc qui ont un impact majeur sur la biodiversité.

L’occasion pour Michel Béal, Directeur de l’agence Ile de France Ouest de l’Office National des Forêts de rappeler que cette surexploitation trouve ses origines dans la période d’après-guerre. Face aux besoins de reconstruction, il y avait des incitations à (re)planter des essences à croissance rapide , donc en monoculture avec les limites de tels peuplements qui ont tous les mêmes besoins aux mêmes moments. Et de l’importance de replanter aujourd’hui différemment. Michel Béal a remis également en perspective les autres missions de la forêts que la seule production de bois. Dans un contexte où la population ne vit plus la forêt et l’expérience nature d’une manière générale, le besoin social, l’accueil du public et la sensibilisation écologique sont essentiels. 

Emmanuelle Cosse, ancienne ministre du Logement et de l’habitat durable, nous ramenait à notre déconnexion totale entre notre relation à la nature et nos comportements de consommation. S’insurger contre les coupes de bois et en même temps désirer habiter dans des maisons en bois, apprécier un beau parquet en bois… Chercher l’erreur ou trouver le juste équilibre ! Nous devons reprendre le chemin d’une pédagogie et nous interroger sur les moyens de nos ambitions et nos attentes schizophréniques. 

Valérie Cabanes, juriste internationale, défenseur des droits humains et de la nature nous rappellait que 80% de la forêt originelle sur terre a été détruite. Mais qui est coupable ? Nous sommes tous pris au piège d’une culture anthropocentrée qui regarde la planète et la forêt comme un objet inanimé. Pour autant devons nous cesser de couper les arbres pour répondre à nos besoins de construction et énergétiques ? Non, déclare-t-telle ! La vie c’est aussi la mort, pour l’homme mais aussi pour le règne végétal. Ce qui nous fait défaut c’est cette connexion au vivant, une sensibilité qui nous inviterait à une gestion plus harmonieuse et respectueuse des forêts. 

Le jury présidé par Juliette Binoche donnera son verdict à la question « la coupe des arbres détruit-elle les forêts ? ». 7 non et 3 oui avec une invitation à une gestion plus durable des forêts que nous léguerons aux générations futures. 

Des générations futures rencontrées le lendemain dans la forêt de Fontainebleau et déjà bien engagées pour la préservation de la nature. Canopsia y animait plusieurs ateliers de découverte de la sylvothérapie dans ses différentes facettes, sensorielles, méditatives et créatives. L’occasion pour les enfants d’écrire quelques mots engagés sur des feuilles mortes. Le végétal se métamorphose continuellement. Il germe, pousse, croît jusqu’à maturation et décroît. Dans l’humus, il est porteur de renaissance comme ces mots d’enfants sont porteurs d’espoir. 

Florence Karras

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