Stress au travail : bientôt un Chief Forest Officer en entreprise ?

L’enquête « The Workforce View in Europe 2019 » publiée en mai dernier par ADP révélait que les français restent parmi les salariés les plus stressés (1). Quasiment 20% d’entre eux déclarent subir un stress quotidien au travail. Et 31% sont convaincus que leur employeur ne s’intéresse pas à leur bien-être psychologique. 

Le stress, une réalité sociétale onéreuse 

Constat étonnant quand on connaît les impacts du stress dans les organisations, souvent cause de tensions relationnelles, baisse de productivité, absentéisme, burn-out et risques psycho-sociaux qui ont un impact sur la performance de l’entreprise mais aussi potentiellement sur sa notoriété et la marque employeur. Des impacts qui peuvent fragiliser considérablement l’entreprise quand les dirigeants eux-mêmes sont directement affectés par le stress. 

APICIL et le cabinet Mozart Consulting qui éditent l’IBET, l’Indice de Bien Être au Travail, révèlent qu’en 2019, le coût du désengagement des salariés (incluant l’absentéisme, les RPS et les TMS et la sinistralité liée aux accidents de travail et maladies professionnelles) est toujours plus élevé : 14 580 € par an et par salarié (2). 

Des actions préventives insuffisantes 

Les impacts et la médiatisation possible des méfaits du stress au travail, les risques économiques et juridiques ont contraint les entreprises à déployer ces dernières années des actions de prévention du stress, des dispositifs  visant à améliorer la qualité de vie au travail, des aménagement du temps de travail, du télétravail et bien d’autres mesures. Néanmoins les chiffres témoignent de résultats insuffisants au regard des enjeux actuels de transformation des entreprises qui exigent un capital humain totalement investi, performant, créatif et faisant preuve d’une grande capacité d’adaptation.  

La reconnexion à la nature, la voie du mieux-être

Face à ces urgences, les entreprises ont-elles explorer tout le champ des possibles pour agir efficacement sur le stress ? Dans les années 80, au Japon, face à un mal être grandissant de la population connu sous le nom de karoshi (mort par surmenage au travail), un programme sanitaire national en faveur du bain de forêt est entré en vigueur. 

De 2004 à 2012, près de 4 millions de dollars ont été investis pour analyser scientifiquement les effets de ces immersions en forêt sur l’être humain. Ces études menées par le Pr Qing Li rencontré au Japon en novembre dernier, ont prouvé que le bain sylvatique permettait de renforcer le système immunitaire, de diminuer l’anxiété, la dépression, la colère, de réduire le stress et favoriser un état de détente. Ces pratiques sylvatiques ne sont pas l’exclusivité du Japon. Elles sont ancestrales pour de nombreuses civilisations mais trop souvent oubliées, l’homme étant devenu une espèce sédentarisée techno-stressée coupée de son lien primaire avec la nature.

La sylvothérapie, un potentiel inédit pour les entreprises 

La sylvothérapie pratiquée en France et récemment mise en lumière par de nombreux médias, est encore peu connue. Elle se structure à l’initiative de quelques praticiens soucieux d’apporter un cadre sécurisé, déontologique et professionnel à ces pratiques. Elle revêt plusieurs dimensions allant de la prévention au curatif, et des approches qui peuvent être plus créatives, récréatives ou énergétiques. 

La forêt est un terrain bienveillant et généreux qui offre une diversité d’activités pour se calmer, apaiser nos esprits, lâcher-prise, se concentrer, se défouler, se connaître, mais aussi apprendre à mieux connaître les autres, co-créer, renforcer les liens inter-personnels, booster sa créativité et plus encore. 

Appliquée à l’entreprise, elle permet d’agir sur le niveau de stress du capital humain pour un mieux-être global mais aussi de créer les conditions de la cohésion d’équipe pour accompagner efficacement la réflexion et le développement de projets stratégiques. La forêt et ses arbres ne sont que le miroir de l’entreprise et ses collaborateurs. Deux écosystèmes vivants qui doivent plus que jamais oeuvrer ensemble, l’écologie extérieure étant indissociable de l’écologie intérieure. 

La sylvothérapie, indoor et outdoor

La nature s’invite de plus en plus dans les espaces de travail. Reproduire la nature en intérieur est devenu un véritable enjeu. Le «biophilic design» se développe. Quelques plantes, du papier peint de nature et des solutions technologiques permettent d’amener dans nos bureaux un peu des bienfaits de la nature comme le Bol d’Air Jacquier®, catalyseur d’oxygénation.

Mais rien de plus efficace qu’un vrai bain de forêt, plongés au coeur du vivant pour se revitaliser ! Les arbres produisent des phytoncides et terpènes, molécules et bio-molécules qui agissent directement sur le système immunitaire. L’environnement forestier est riche de ions négatifs dont nous avons besoin pour assainir nos modes de vie urbains et pollués. D’autres trésors cachés de la nature activent notre cerveau en produisant sérotonine et dopamine, les hormones du bien-être. Alors à quand le Chief Forest Officer pour explorer ce nouvel espace de travail ? 

La forêt, le nouvel espace de travail

Comme toute nouveauté, la sylvothérapie suscite curiosité et parfois de la réserve car la forêt est devenue un territoire inconnu pour beaucoup. Des conférences-ateliers de sensibilisation et d’éveil permettent de présenter la sylvothérapie, ses pratiques, ses bienfaits pour l’individu et le collectif. Les pratiques sylvatiques peuvent être un levier de performance et de cohésion redoutable pour l’entreprise en ces temps agités. 

Mais rien de mieux que d’expérimenter ! Le « test & learn » s’applique aussi à la sylvothérapie ! Les entreprises investissent régulièrement des tiers lieux pour des séminaires dits « au vert », sans réellement exploiter tout le potentiel de l’environnement. Et si désormais les séminaires étaient articulés autour de la nature, l’occasion d’éveiller aussi les consciences écologiques ? En attendant le Chief Forest Officer, les praticiens en sylvothérapie vous accompagnent dans l’exploration de ce nouvel espace de travail.

Voici semées quelques graines qui ne demandent qu’à voir le jour avec l’engagement de celles et ceux qui, parmi vous, oseront faire un pas de côté sylvatique. 

Florence Karras 

(1) https://www.fr.adp.com/donnees-thematiques-tendances-rh/engagement-des-salaries-gestion-des-talents/workforce-view-2019/index.xml

(2) https://www.mozartconsulting.eu/2019/10/30/ibet-etude-sectorielle-2019/

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